Un alambic à lavande à sauvegarder! En route pour une mise à l’abri..
Ce bel alambic à lavande que j’avais repéré depuis quelques années, commençait à être sérieusement menacé par la venue de plus en plus fréquente, de personnes bien plus intéressées par la valeur marchande du cuivre, que par la valeur patrimoniale de la relique… Vous voyez de quoi je veux parler…
De plus, le temps faisant aussi son oeuvre, travaillant patiemment et sans relâche le métal en belles dentelles..
Il commençait à devenir urgent de penser à mettre ce rare alambic sur chariot, aux abris!
Alors aujourd’hui, sous un soleil presque de plomb, expédition avec mon pote Philippe, ferronnier d’art, fraîchement installé dans mon village, pour aller récupérer ce très ancien et très intéressant alambic sur chariot, basculant de surcroît et d’une capacité de 300 litres.
Cet appareil provient des anciennes usines Joya de Grenoble, même constructeur que celui de la (Monstrueuse!) première chaudière verticale de la distillerie de lavande Schimmel de Barrême (04) en 1905.
Vous pouvez en avoir un aperçu sur ce site:
Allez.. Direction Sargan, à la campagne de mon amie Marie-France avec la 404 qui va encore rendre un grand service!.
Un peu d’histoire..
Cet alambic fut acheté par le grand-père de Marie-France, Albert Cotte, agriculteur exploitant le superbe domaine de Sargan en moyenne vallée d’Asse dans les Alpes de Haute Provence.
On est dans les années 30, la lavande sauvage coupée sur ses terrains du Poil, ne fait plus trop recette après les belles années passées, et quel travail que de monter là-haut pour sortir les faucilles!.
Ils le faisaient bien avant… Couper en famille et entre amis, louer un alambic antique pour la distiller sur place, et ne redescendre que l’extrait, l’essence rare et chère!
le lavandin commence à arriver dans notre département, plateau de Valensole en tête, vallée de l’Asse fait suite.
Sargan est conquise, le travail est bien plus facile, les terres s’y prêtent à merveille, c’est le moment d’investir dans un alambic à lavande, roulant, basculant, bien plus facile à se servir!
Albert Cotte, en trouva un d’occasion, l’affaire fut conclue, des années de bons services vont arriver. Et ce, jusqu’à l’année 1957 je pense, année où fut construite la « grande » et pratique distillerie coopérative de Mézel (04) avec sa cuve de 4000 litres à bain marie, et son chauffage par la paille de lavande distillée.
Une page se ferme (pour l’instant..) pour ce bel alambic à lavande.
De ces époques, de cette vie des Gens d’en haut, Albert Cotte (En collaboration d’Alpes de Lumière) en a fait un livre, LA VIE DE CEUX D’AVANT.
La rudesse du labeur, la dureté de la vie, l’achat de Sargan, la descente dans la vallée pour s’y installer, et profiter enfin, d’une terre bien moins ingrate, et d’un désenclavement très appréciable!…
tout y est admirablement décrit et raconté, même notre alambic y a sa photo!
Le Livre..

Notre alambic à lavande..

Aujourd’hui…





Quelle belle machine il sera une fois restauré!
Mais en attendant qu’il brille à nouveau…
Il ne manque plus qu’à retrouver son col de cygne, (il doit sûrement être coincé sur une poutre quelque part dans la ferme..) trouver ses brancards en bois (à moins que la mule soit partie à la retraite avec ses attributs..: )) et récupérer son chapiteau (lui on sait où il se trouve 😉 )
A bientôt pour la suite de son aventure.
Emmanuel
10 novembre 2017… Des nouvelles de la relique!…
Le couvercle (chapiteau) a été retrouvé, il a rejoint sa cuve.. Des années que ces deux là étaient séparés, loin l’un de l’autre!..

Les retrouvailles furent émouvantes… Il parait que chaque marmite a son couvercle… 😉

J’ai aussi pu retrouver (par le biais des petites annonces) une paire de brancards pour ce chariot hippomobile.. Ils ne servaient que pour les déplacements et mises en place, ils étaient enlevé pour le temps de service de l’alambic.
C’est pour cela qu’ils étaient montés de façon facilement amovibles. Une simple cheville en fer verrouillait (et verrouille de nouveau) chaque brancard dans son logement.
Une chance que ces rares pièces ne soient qu’à 50 km de Mézel. Alors échappée à Vinon (83) avec la 404 pour aller les chercher.
Le bois est d’époque… un peu taraudé par les vers à bois… bon.. ça le fera quand même..

Démontage des ferrures, traitement du bois, huile de lin et essence de lavandin, ça devrait le faire!. En tout cas, ça sent très bon!

Maintenant, il faut les mettre au gabarit des logements prévus à cet effet sur le chariot..


Au travail!…


Et…. essais sur le chariot, ajustage (les deux logements ne sont pas exactement aux mêmes côtes..)
Voilà le résultat!..


Il ne manque plus qu’à retrouver son col de cygne, apparemment il a disparu ou été réutilisé à une autre affectation… Bref, il faudra que j’en fasse un nouveau en essayant d’être le plus proche possible de celui qui était en place.
Si j’ai le temps et que le temps me le permets, je vais travailler sur le décapage, démontage de l’essieu, re-fabrication de ses 4 béquilles de maintien pour la position stationnement et travail, peut être me lancer dans la réfection du foyer (Gros gros travail!)
A bientôt pour la suite de son aventure.
Emmanuel